Votre collectivité souhaite-t-elle améliorer la biodiversité et mieux gérer ses ressources naturelles? Cette fiche d’information explique comment la plantation d’arbres et la gestion des forêts urbaines peuvent restaurer et relier les habitats afin d’améliorer la biodiversité urbaine, la santé et la structure des écosystèmes.
La biodiversité dans la forêt urbaine
Les arbres sont essentiels au maintien de la biodiversité. Des espèces d’arbres comme les chênes blancs, les micocouliers et les noisetiers à bec aident la faune locale en produisant des glands, des baies et des noix qui nourrissent les espèces d’oiseaux et de mammifères. D’autres arbres, comme le cèdre blanc ou le gainier rouge, offrent un abri aux oiseaux ou produisent des fleurs qui attirent les pollinisateurs indigènes. Les arbres aident également les bassins versants locaux en empêchant l’érosion dans les ravins et le long des rivières, et en améliorant la qualité de l’eau.
Bien que les arbres individuels soient très bénéfiques pour la faune, il est essentiel de maintenir et de protéger des parcelles de forêts intactes et d’autres espaces à forte densité d’arbres, surtout dans les environnements urbains et périurbains (espaces situés à la périphérie des villes et des agglomérations). Ces parcelles sont composées principalement d’arbres indigènes et d’autres végétaux qui ont évolué et formé des relations symbiotiques avec la faune et la flore indigènes. La conservation de ces espaces et la plantation de nouveaux arbres contribuent à préserver des habitats importants et à maintenir les populations d’espèces indigènes.
Menaces pesant sur les forêts urbaines
De nombreuses collectivités à travers le monde se sont établies dans des secteurs ayant une grande biodiversité. Cependant, à mesure que les villes s’étendent et que les terres sont défrichées pour faire place à l’aménagement, les écosystèmes existants, tels que les milieux humides, les forêts et les prairies, peuvent être considérablement modifiés ou entièrement remplacés.
Aujourd’hui, de nombreux écosystèmes urbains, y compris les forêts urbaines, ont été dégradés par les effets de l’aménagement. Cela se traduit par une perte d’habitat, une croissance des espèces envahissantes, de la pollution et une mauvaise qualité du sol. Un écosystème dégradé peut faire en sorte que les espèces végétales indigènes ne se régénèrent pas comme elles le devraient et que les populations d’animaux sauvages diminuent.
Les forêts urbaines souffrent également de fragmentation. Les villes comprennent souvent des parcelles de forêt et d’autres écosystèmes qui sont isolés les uns des autres par des barrières créées par les êtres humains, telles que des routes, des bâtiments commerciaux et des aménagements de logement. Ces barrières empêchent la faune de passer d’une parcelle à l’autre, ce qui, avec le temps, peut entraîner un déclin de la biodiversité et une diminution des populations d’animaux sauvages.
Restaurer l’habitat grâce à la plantation et à la gestion d’arbres
La restauration d’écosystèmes est le processus qui consiste à ramener un écosystème dégradé ou converti à un état sain, fonctionnel et durable (c’est-à-dire, comme il existait avant l’intervention humaine). Ce processus comprend des activités telles que l’élimination des espèces envahissantes, la plantation d’espèces indigènes, l’assainissement du sol et l’amélioration de la qualité de l’eau.
Dans les secteurs urbains et périurbains, la plantation d’arbres est une méthode très efficace pour restaurer les habitats et conserver la biodiversité. La plantation d’arbres permet de rétablir la structure de la canopée, d’aider la faune et la flore, d’empêcher l’établissement des espèces envahissantes et de promouvoir la diversité des plantes indigènes.
Étude de cas : Restauration de la savane de chênes noirs dans la ville de Toronto
La savane de chênes noirs est un écosystème de prairie rare et diversifié de l’Ontario qui dépend du feu pour prospérer. Les feux dirigés périodiques dans ces écosystèmes profitent aux plantes indigènes et aux animaux en réduisant les espèces envahissantes, en stimulant la régénération des plantes indigènes et en restaurant l’habitat de la faune. Pendant des siècles, les collectivités autochtones ont géré la savane par des pratiques telles que les brûlages traditionnels. Cependant, le développement urbain et les pratiques coloniales, telles que la suppression des feux, ont largement détruit ou profondément modifié une grande partie de la savane de chênes noirs par rapport à son état d’origine.
Une grande parcelle de la savane de chênes noirs existe encore dans plusieurs parcs de la ville de Toronto, dont High Park. En 1995, la ville a constaté que les arbres du parc approchaient de la fin de leur espérance de vie et que de nouveaux arbres ne se régénéraient pas pour les remplacer. L’écosystème ne fonctionnait pas de manière optimale et sa viabilité à long terme était menacée.
Depuis, la ville a entrepris des efforts de restauration en s’associant aux collectivités autochtones locales pour procéder à des brûlages traditionnels et dirigés annuels, effectuer des plantations ciblées de chênes noirs et assurer un contrôle rigoureux des espèces envahissantes, ainsi que leur élimination. Au fil du temps, ces mesures ont entraîné une régénération naturelle de l’écosystème, ce qui illustre la valeur de la restauration des écosystèmes grâce à la plantation et à la gestion d’arbres.
En savoir plus (en anglais seulement) sur les brûlages traditionnels et les feux dirigés dans la ville de Toronto.
Améliorer la connectivité des habitats à l’intérieur et à l’extérieur de la forêt urbaine
La connectivité des habitats est la mesure dans laquelle des parcelles distinctes d’habitat sont reliées, ce qui peut influencer la manière dont les animaux et les plantes peuvent se déplacer entre différents secteurs habitables. L’augmentation de la connectivité des habitats à l’intérieur et autour des secteurs urbains peut contribuer à atténuer les effets des parcelles isolées et à améliorer la biodiversité.
Les efforts visant à promouvoir la biodiversité se concentrent souvent sur les grands habitats naturels situés en dehors des environnements urbains. Par exemple, l’Initiative de conservation de Yellowstone au Yukon (en anglais seulement) est un effort de collaboration visant à protéger et à relier des espaces sur plus d’un million de kilomètres carrés aux États-Unis et au Canada. Ce type de projet permet de relier de vastes étendues d’habitats grâce à des accords fonciers et à la création de corridors qui permettent aux animaux sauvages de se déplacer en toute sécurité sur de vastes étendues de terre.
Mais les espaces naturels urbains et périurbains plus petits, tels que les parcs municipaux et d’autres espaces verts, peuvent également abriter une biodiversité considérable qui favorise la diversité des espèces et des écosystèmes en réduisant la fragmentation. Les arbres plantés dans les rues et les parcs municipaux peuvent créer des corridors verts qui fournissent temporairement de la nourriture et des abris aux oiseaux et aux pollinisateurs à la recherche d’un habitat de meilleure qualité. Une analyse et une planification minutieuses, y compris la cartographie des espaces verts existants, sont essentielles pour cibler les espaces susceptibles d’améliorer la connectivité et leur accorder la priorité.
Étude de cas : Stratégie de biodiversité et réseau d’infrastructures vertes de la ville de Surrey
La Ville de Surrey, en Colombie-Britannique, a pris des mesures importantes pour préserver la biodiversité grâce à une stratégie municipale spécifique approuvée par son conseil en 2014. Surrey a intégré les objectifs de sa stratégie de conservation de la biodiversité dans son plan communautaire officiel, sa stratégie d’action contre les changements climatiques et sa stratégie de gestion des forêts urbaines, entre autres, et a élaboré un ensemble de lignes directrices de conception pour soutenir les approches visant à accroître la biodiversité dans les quartiers.
Une partie de ce travail consiste à élaborer un réseau d’infrastructures vertes reliant 3 900 hectares de corridors verts naturels et d’espaces verts à travers la ville. Le réseau repose sur trois principes fondamentaux :
- Préserver les grands secteurs d’habitats principaux, tels que les peuplements forestiers ou les parcs (« pôles »).
- Assurer la connectivité entre les secteurs d’habitats (« corridors »).
- Fournir une diversité de caractéristiques d’habitat dans tout Surrey (« sites »).
La ville utilise une combinaison d’outils pour protéger les terres publiques et privées, y compris des exigences en matière de permis d’aménagement, des zones allouées pour les parcs et l’acquisition de terres.
En savoir plus au sujet des initiatives sur la biodiversité de la Ville de Surrey.
Stratégies pour restaurer les forêts urbaines et relier les habitats dans votre collectivité
Une planification efficace de la biodiversité à l’intérieur et autour des municipalités est de plus en plus importante à mesure que les milieux urbains s’étendent. Une bonne planification peut aider à atteindre les objectifs de conservation et à soutenir les fonctions et services écosystémiques dont dépendent nos collectivités.
Les municipalités peuvent s’appuyer sur différents outils pour protéger et restaurer les forêts urbaines et assurer la connectivité des habitats. Vous trouverez ci-dessous des stratégies initiales que votre municipalité peut explorer pour planter de nouveaux arbres et gérer les espaces arborés existants de manière à promouvoir la biodiversité.
Cibler et évaluer les secteurs à restaurer et à relier
Une première étape importante est de créer un inventaire pour cibler les habitats optimaux à restaurer et à relier. Cet inventaire doit inclure les parcs municipaux et les autres espaces publics ou privés susceptibles d’accueillir des plantations d’arbres supplémentaires. Les inventaires peuvent être créés en combinant des recherches sur le terrain, des renseignements existants sur les parcs publics, des images satellites et l’engagement communautaire. Ils peuvent être stockés et visualisés à l’aide d’outils tels qu’un logiciel de système d’information géographique (SIG) ou iTree (pour plus de détails sur ces outils, consultez notre fiche d’information sur la technologie et les outils de foresterie urbaine).
Après avoir dressé votre inventaire, analysez les sites potentiels en fonction de facteurs tels que la proximité d’un espace naturel existant, la taille de l’espace vert existant, la biodiversité existante et la présence d’espèces envahissantes ou à risque. Des évaluations de la biodiversité peuvent être réalisées dans des milieux comportant des espaces verts naturels existants, tels que des terrains boisés ou des ravins, par des biologistes, des forestières et forestiers, ou des écologistes qualifiés.
L’inventaire peut également être utilisé pour déterminer les possibilités d’améliorer la connectivité entre les espaces verts existants. La distance entre deux parcs ou espaces verts existants, ou la présence de corridors verts existants (par exemple, des rues avec un couvert végétal continu) à proximité sont des mesures qui peuvent aider à établir des priorités pour la connectivité.
Ressource clé : La boîte à outils Making Nature’s City Toolkit (en anglais seulement) de la San Francisco Estuary Institute présente des critères d’évaluation possibles pour évaluer la biodiversité urbaine. Elle comprend des renseignements sur la taille, la forme et la distance entre les parcelles d’espaces verts, la largeur des corridors, la diversité des habitats, la présence de végétation indigène, etc.
Mise en œuvre des projets de plantation d’arbres et d’autres projets de restauration
Après avoir dressé l’inventaire des parcs et des espaces pouvant accueillir des arbres, vous pouvez commencer à planifier le maintien ou l’amélioration de la biodiversité dans votre collectivité. Les résultats de l’évaluation de votre inventaire vous permettront de déterminer les sites où planter des arbres en priorité, créer des corridors verts et d’autres projets de restauration et de connectivité des habitats.
Demandez toujours l’avis de spécialistes lorsque vous planifiez de nouveaux projets. Votre équipe devrait comprendre des biologistes d’expérience, des gardiennes et gardiens du savoir, des écologistes ou des forestières et forestiers ayant des connaissances en matière de restauration des écosystèmes et de connectivité. Dans la mesure du possible, utilisez des arbres et de la végétation indigènes pour favoriser les pollinisateurs indigènes, mais veillez à sélectionner des espèces qui peuvent tolérer les conditions climatiques futures (par exemple, des espèces tolérantes à la sécheresse ou qui ne sont pas actuellement menacées par des ravageurs ou des maladies). Lors de l’établissement des priorités, il convient de prendre en considération les projets qui permettraient d’améliorer ou de créer des habitats essentiels pour les espèces en péril.
Une fois les travaux de restauration terminés, il est important de mettre en place un plan de surveillance de l’espace à long terme. Les espèces envahissantes constituent une menace constante pour les espaces naturels et sont plus faciles à éliminer lorsqu’elles sont détectées tôt.
Réfléchissez à la manière dont votre collectivité peut participer à la collecte de données, à la surveillance et aux efforts de restauration. Les membres de la collectivité, les groupes de naturalistes et d’autres organisations environnementales locales sont souvent au courant de l’existence d’espaces naturels nécessitant des activités de restauration, telles que la plantation d’arbres ou l’élimination d’espèces envahissantes. Assurez-vous que les membres de la collectivité sont au courant des projets de plantation et de restauration, et que leur participation soit encouragée afin d’accroître leur incidence et leur succès. Impliquez les collectivités autochtones locales en demandant conseil aux gardiennes et gardiens du savoir, et en donnant la priorité à la contribution des chefs autochtones et des membres de la collectivité lors de la mobilisation.
Vous pouvez également organiser des événements pour encourager les membres de la collectivité à consigner les données et à partager les observations d’animaux sauvages dans des bases de données publiques. Par exemple, les municipalités et d’autres groupes communautaires peuvent participer à la campagne annuelle Big Backyard BioBlitz de Conservation de la nature Canada.
Protéger les espaces naturels existants par l’entremise de politiques et de projets de plantation locaux
Le moyen le plus simple de protéger la biodiversité dans votre collectivité est de protéger les espaces naturels existants. La restauration d’anciens milieux naturels est souvent plus coûteuse et demande plus de travail que l’entretien des espaces existants. Les municipalités peuvent étudier les possibilités de créer des espaces protégés sur leur territoire et s’associer à d’autres propriétaires fonciers ou ordres de gouvernement pour mettre en place des mesures de protection.
Pour maintenir les espaces naturels existants, vous pouvez élaborer une stratégie ou un plan en faveur de la biodiversité. Les stratégies municipales en faveur de la biodiversité sont des plans globaux à long terme visant à protéger et à améliorer les espaces naturels locaux. Elles fournissent un schéma que votre municipalité peut suivre pour accroître la biodiversité et freiner la perte d’habitats importants.
Assurez-vous que les plans d’urbanisme municipaux et les politiques d’aménagement du territoire accordent la priorité à la protection et à l’amélioration de la biodiversité locale. Examinez les différents outils à votre disposition, tels que les règlements de zonage ou de permis d’aménagement, qui peuvent être utilisés pour protéger les espaces naturels existants et améliorer la biodiversité.
Ressource clé : L’Initiative québécoise Corridors écologiques a élaboré une boîte à outils complète pour aider à la planification et à la prise de décision municipales, expliquant comment créer des règlements et d’autres outils politiques pour protéger et améliorer l’environnement naturel ainsi que l’infrastructure verte.
Autres exemples municipaux
- La Ville de Nicolet, au Québec, a collaboré avec Habitat pour évaluer la connectivité écologique dans la région et créer un plan d’action pour aménager un corridor écologique. Ce plan comprend des activités telles que la plantation d’arbres et la préservation des milieux humides.
- L’amélioration de la connectivité écologique est l’un des objectifs du plan directeur sur les forêts urbaines de la Ville de Victoria, en Colombie-Britannique. Les stratégies consistent notamment à utiliser la plantation et la gestion d’arbres pour relier des espaces naturels plus vastes et fournir des corridors pour la faune et la flore.
- La Ville d’Edmonton, en Alberta (en anglais seulement), utilise une approche de réseau écologique pour conserver ses espaces naturels. Un plan stratégique de relations naturelles et une politique de systèmes d’espaces naturels définissent des principes, des rôles et des responsabilités spécifiques pour la mise en œuvre.
- La Ville de Toronto, en Ontario (en anglais seulement), a publié une stratégie en faveur de la biodiversité visant à améliorer la qualité et la quantité de la biodiversité et à accroître la sensibilisation à la nature à Toronto. Cette stratégie comprend de nombreux projets de restauration et des initiatives de mobilisation du public, telles que des brochures sur la biodiversité pour différents groupes d’espèces (par exemple, Trees, Shrubs and Vines of Toronto).
Prochaines étapes
- ICLEI Canada, biodiverCités : un guide pour la planification et la gestion municipales de la biodiversité (en anglais seulement)
- C40 Cities, Comment améliorer, restaurer et protéger la biodiversité dans votre ville (en anglais seulement)
- Park People, Renaturaliser les villes : des solutions pour la biodiversité en milieu urbain [webinaire]
- Gouvernement du Québec, Biodiversité du Québec
- Nature Canada, Aires protégées municipales
- Nature Canada, Travailler vers des solutions climatiques fondées sur la nature
- Université de la Colombie-Britannique, SEEDS knowledge exchange : ecological connectivity toolkit (sous « Research mobilization toolkits ») (en anglais seulement)
- Miistakis Institute for the Rockies, Municipal eco-toolkit: tools for maintaining your natural systems (en anglais seulement)
- Union Internationale pour la Conservation de la Nature, Boîte à outils urbaine de l’UICN
Cette ressource a été créée en partenariat avec Arbres Canada et le Fonds municipal vert de la FCM dans le cadre de l’initiative Croissance de la canopée des collectivités canadiennes, qui est mise en œuvre par la Fédération canadienne des municipalités et financée par le gouvernement du Canada.