De nombreuses municipalités canadiennes reconnaissent de plus en plus l’importance de concevoir des stratégies d’adaptation climatique ayant pour but de se préparer et d’accroître la résilience aux conséquences des changements climatiques.

La présente fiche d’information explique comment l’intégration d’une perspective autochtone et du savoir autochtone aux stratégies climatiques peut accroître la résilience et renforcer les stratégies environnementales, en plus de contribuer à l’établissement d’objectifs généraux associés à la réconciliation. Au bout du compte, ces efforts se traduiront par des communautés inclusives, respectueuses et durables pour les générations à venir.

Le concept de double perspective

Le concept de double perspective est un cadre fondamental du rapport sur la résilience autochtone qui intègre les systèmes de savoirs autochtones à la science occidentale. Cette approche souligne l’utilisation des deux perspectives : une qui voit le monde du point de vue autochtone, et l’autre par la science occidentale. Elle crée une méthode équilibrée et complémentaire pour aborder les enjeux complexes tels que les changements climatiques, en veillant à ce qu’aucun système de savoir ne domine l’autre, mais plutôt en s’assurant qu’ils coexistent et améliorent le processus décisionnel ensemble.

Le travail est en cours d’un océan à l’autre

Un manque de connaissance et de compréhension du savoir autochtone complique la conception de stratégies climatiques inclusives. Par le biais de son bureau des relations avec les Autochtones, la Ville de Calgary, en Alberta, sensibilise son personnel et sa population à la vérité et la réconciliation (disponible en anglais seulment). Cette initiative souligne l’importance d’intégrer les perspectives autochtones aux activités municipales et comprend une formation approfondie du personnel en mettant l’accent sur le développement du savoir-faire culturel, et ce, pour que les stratégies climatiques soient inclusives et que le savoir autochtone y contribue.

D’autres villes s’affairent à surmonter la méfiance historique par une mobilisation respectueuse, en honorant les engagements et en démontrant une réelle volonté d’apprendre. L’initiative Ville de la réconciliation de Vancouver (disponible en anglais seulment), en Colombie-Britannique, illustre comment l’établissement de partenariats authentiques avec les communautés autochtones peut jeter les bases d’une réconciliation significative. Cette initiative fait partie intégrante des efforts visant à intégrer la réconciliation dans le tissu de la gouvernance et des relations communautaires de Vancouver.

La Stratégie de gestion des eaux des Territoires du Nord-Ouest (disponible en anglais seulment) adopte le concept de double perspective en intégrant le savoir autochtone et les méthodes scientifiques à la gestion et à la protection des ressources hydriques. Cette stratégie valorise le savoir écologique traditionnel étant donné son lien profondément ancré dans le territoire et les voies navigables, tout en prônant l’utilisation d’outils scientifiques de surveillance de la qualité et du débit des eaux. Les municipalités peuvent en tirer des leçons en intégrant le savoir autochtone à leurs pratiques de gestion des eaux, en favorisant des partenariats de collaboration avec les communautés autochtones locales pour améliorer la gérance et assurer une gestion durable des ressources.

Comprendre les systèmes de savoirs autochtones

Les systèmes de savoirs autochtones sont profondément holistiques; ils mettent en lumière l’interdépendance de tous les organismes vivants et l’importance de l’harmonie entre la nature et l’humanité. Ces systèmes ont évolué au fil des générations et procurent de précieuses observations sur le mode de vie durable et l’intendance environnementale. L’intégration du savoir autochtone à la planification municipale peut renforcer des stratégies qui accordent la priorité, à long terme, à la santé écologique, au bien-être communautaire et à la conservation de la culture.

Il faut considérer les points fondamentaux suivants lors de l’intégration du savoir autochtone à la planification municipale :

  • Écosystèmes locaux : le savoir autochtone permet de très bien comprendre les écosystèmes locaux grâce à la contribution de plusieurs générations d’observations et d’expériences.
  • Savoir écologique traditionnel : les pratiques telles que l’aménagement traditionnel du territoire et l’utilisation durable des ressources, enracinées dans le savoir écologique autochtone, encouragent la biodiversité et la santé des écosystèmes.
  • Conservation du patrimoine culturel : mobiliser les communautés autochtones enrichit la planification et aide à conserver et à honorer le patrimoine culturel, pour veiller à ce que les pratiques, les traditions et le savoir traditionnels continuent de prospérer tout en enrichissant également le tissu culturel de la municipalité.
  • Durabilité : le savoir autochtone met l’accent sur un équilibre écologique de longue durée au moyen de pratiques durables qui protègent et entretiennent l’environnement.
  • Résilience : les stratégies autochtones, mises à l’essai et peaufinées au fil des siècles, accroissent la résilience communautaire en favorisant l’adaptabilité aux changements et aux défis environnementaux.
  • Engagement communautaire : collaborer avec les communautés autochtones favorise un processus décisionnel inclusif et améliore la cohésion communautaire.

Les peuples autochtones mettent en pratique, avec les approches scientifiques modernes, leurs systèmes de savoirs et pratiques traditionnelles dans le but de contrer les répercussions des changements climatiques. Par exemple la stratégie et le plan d’action sur le climat des Premières Nations de la Colombie-Britannique (disponible en anglais seulment) combine la sagesse autochtone et les données climatiques pour concevoir des solutions significatives. Des outils tels que l’Atlas climatique du Canada réunissent les histoires autochtones, la climatologie et les perspectives communautaires, ce qui encourage l’adaptation et la résilience en associant divers systèmes de savoirs.

Two teepees at sunset.
L’intégration d’une perspective autochtone dans les projets climatiques de votre communauté peut favoriser la Réconciliation et renforcer la résilience. 

Adopter une perspective autochtone

Adopter une approche holistique signifie reconnaître l’interdépendance des facteurs socioéconomiques et environnementaux, ce qui peut approfondir les processus de planification. Une telle approche nécessite une mobilisation considérable qui respecte et intègre les droits, le savoir et les pratiques culturelles des Autochtones.
Adopter une perspective autochtone peut accroître les efforts de planification municipale de plusieurs façons, notamment les suivantes :

  • Perspective holistique : souligner l’interdépendance des systèmes socioéconomiques et environnementaux dans le but de créer des solutions de planification intégrées bien équilibrées.
  • Durabilité : mettre l’accent sur la gérance dans les domaines de l’écologie, de la santé et de l’environnement ancrée dans les pratiques autochtones afin de mettre le bien-être des générations à venir en priorité.
  • Respect culturel : honorer les traditions, les valeurs et les pratiques des Autochtones et les intégrer aux processus de planification pour favoriser la conservation de la culture et le respect mutuel.
  • Mobilisation pour la collaboration : encourager le dialogue continu, le partenariat et la cocréation avec les communautés autochtones pour assurer leur participation active et leur leadership quant aux processus décisionnels.
  • Équité et inclusion : s’engager à planifier de manière inclusive en intégrant les voix, les perspectives et le savoir des Autochtones dans toutes les phases du processus décisionnel, et ce, afin de promouvoir l’équité et la justice.

Ville de Sioux Lookout, en Ontario

L’organisme Première Nation de Lac Seul, Première Nation de Kitchenuhmaykoosib Inninuwug et Municipalité de Sioux Lookout s’est associée aux Premières Nations de Lac Seul et de Kitchenuhmaykoosib Inninuwug par le biais de l’Initiative de développement économique et communautaire (IDEC) afin d’atteindre conjointement des objectifs de développement économique et communautaire communs. Le partenariat est axé sur les initiatives de planification communes, comme la création d’un accord d’amitié qui officialise son engagement à la collaboration. En intégrant le savoir autochtone à la planification environnementale et à l’aménagement du territoire, la municipalité de Sioux Lookout conçoit des stratégies municipales inclusives et durables sur le plan culturel à l’avantage des communautés, tant autochtones que non autochtones.

Établir et entretenir des relations empreintes de respect

Les municipalités devraient suivre les étapes fondamentales suivantes lorsqu’elles œuvrent à l’établissement et au maintien de relations empreintes de respect avec les communautés autochtones :

  • Comprendre les voisins autochtones : prendre le temps de se renseigner sur l’histoire, la culture et les systèmes de savoirs des communautés autochtones voisines. Établir des relations ancrées dans une compréhension mutuelle aide à assurer le respect des pratiques et valeurs autochtones, de même que leur intégration dans les processus municipaux.
  • S’engager de manière significative : l’engagement doit commencer tôt et se poursuivre tout au long du projet ou du partenariat. L’engagement significatif se traduit par le respect des protocoles et des traditions autochtones et le fait d’aller rencontrer les communautés autochtones là où elles sont, qu’on parle d’y aller physiquement ou de se conformer à leurs horaires et priorités. On démontre ainsi l’authenticité du respect et de l’engagement.
  • Conception conjointe des plans : la véritable collaboration nécessite la représentation autochtone à toutes les phases de la planification et du processus décisionnel. Il faut non seulement consulter les personnes autochtones, mais aussi les inclure activement en tant que cocréatrices des plans pour ainsi favoriser un sentiment commun de propriété et faire en sorte que le savoir autochtone contribue à l’obtention de résultats durables et appropriés sur le plan culturel.
  • Soutien du renforcement des capacités : fournir de la formation sur les ressources et des occasions qui renforcent les capacités des communautés autochtones (soutien technique, encadrement pédagogique, ressources financières, etc.) peut encourager les communautés autochtones à participer pleinement aux processus de planification municipale et à en tirer des avantages.
  • Savoir réciproque : les relations respectueuses sont réciproques. Tandis que les communautés autochtones font part de leur savoir et leurs perspectives, les municipalités, elles, doivent fournir des occasions, des ressources et du soutien à l’avantage de leurs partenaires autochtones pour ainsi assurer un échange équilibré et démontrer leur appréciation des contributions des Autochtones.

Première Nation de Hiawatha, Première Nation de Curve Lake, Canton de Selwyn, Canton d’Otonabee-South Monaghan, Comté de Peterborough et Peterborough et Kawarthas Economic Development, ON

Le partenariat Première Nation de Hiawatha, Première Nation de Curve Lake, Canton de Selwyn, Canton d’Otonabee-South Monaghan, Comté de Peterborough et Peterborough et Kawarthas Economic Development, ON (disponible en anglais seulment) démontre un engagement à établir des relations respectueuses en favorisant un dialogue et une collaboration continu, et ce, à toutes les étapes. Cette approche garantit que les points de vue autochtones sont pris en compte dans les processus décisionnels. Elle honore les protocoles culturels et encourage le respect mutuel et la compréhension lors de la conception d’initiatives conjointes.

Mesurer le succès et évaluer les répercussions

Il est essentiel de mesurer le succès et d’évaluer les répercussions pour que les stratégies municipales qui intègrent le savoir autochtone soient efficaces et durables. L’évaluation systématique permet d’obtenir de précieuses données pouvant servir à peaufiner l’approche et contribuer aux décisions, pour ainsi accroître le bien-être communautaire et la résilience écologique.

Les étapes suivantes pourraient s’avérer utiles aux municipalités dans l’évaluation des répercussions de leurs stratégies et leurs projets :

  • Fixer des objectifs clairs : commencer par définir des objectifs précis et mesurables pour l’intégration du savoir autochtone dans la stratégie ou le projet. Les objectifs doivent refléter les résultats communautaires souhaités et les principes des systèmes de savoirs autochtones, en conformité avec les priorités sur le plan socioculturel et environnemental.
  • Utiliser des paramètres significatifs : créer et surveiller des paramètres servant à évaluer dans quelle mesure le savoir autochtone est intégré aux stratégies ou aux projets. Ils pourraient notamment servir à mesurer l’intégration des valeurs et des pratiques autochtones dans la planification, le pourcentage du personnel municipal qui suit la formation sur le savoir-faire culturel, ainsi que la durabilité et la longévité des partenariats avec les communautés autochtones. Ces paramètres aident à évaluer la réussite des efforts municipaux et à déterminer ce qu’il faut améliorer.
  • Recueillir et analyser les commentaires : recueillir de façon périodique les commentaires des intervenants (partenaires autochtones, population et personnel municipal). Cette rétroaction est essentielle pour comprendre les répercussions réelles des stratégies et apporter les corrections nécessaires. Les sondages, entrevues et consultations communautaires peuvent tous permettre d’obtenir des points de vue variés.
  • Corriger le tir et s’améliorer continuellement : se servir des observations découlant des paramètres et de la rétroaction pour peaufiner les stratégies et les projets. L’amélioration continue est essentielle pour maintenir une collaboration efficace et s’assurer que les stratégies et projets répondent aux besoins et sont conformes aux valeurs des communautés autochtones et des municipalités. Au fil du temps, faire preuve de souplesse et d’adaptation aide à établir des relations résilientes.

Intégrer le savoir autochtone à la planification municipale et aux stratégies d’adaptation climatique ne constitue pas seulement la voie vers des communautés durables et résilientes, mais se veut également une étape essentielle pour une réconciliation significative. L’engagement continu, le renforcement des capacités et les relations réciproques sont essentiels à l’atteinte de ces objectifs communs. En s’engageant à établir des relations inclusives avec les communautés autochtones, les municipalités sont plus à même de s’assurer que leurs efforts ont une réelle incidence et sont vraiment durables.

Ressources connexes

Tanya Tourangeau, fière Dénée et fondatrice de Tanya T Consulting | Stratège de la réconciliation | Canada, a fait profiter de son expertise dans la rédaction de la présente fiche d’information et la FCM la remercie pour ses observations.

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Cette ressource a été créée par le Programme de gestion des actifs municipaux (PGAM).

Le PGAM est conçu pour aider les municipalités canadiennes à renforcer leurs décisions en matière d’investissement dans les infrastructures en fonction de données fiables et de bonnes pratiques en matière de gestion des actifs. Ce programme de huit ans et de 110 millions de dollars est financé par le gouvernement du Canada et géré par la Fédération canadienne des municipalités. Il est mis en œuvre en partenariat avec les associations municipales, provinciales et territoriales, et d’autres intervenants clés.