Lauréat des Prix des collectivités durables 2022 de la FCM dans la catégorie de l’atténuation des changements climatiques
Sommaire
Dans le but de diminuer les émissions de gaz à effet de serre provenant du transport et d'offrir des options de transport plus équitables, un groupe de municipalités de la région Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine et la Régie intermunicipale des transports Gaspésie-Iles-de-la-Madeleine (RÉGÎM) se sont associés pour créer TCiTé. Ce projet de mobilité partagée vise à atténuer le besoin de véhicules privés en utilisant la technologie MaaS (Mobility as a service), afin d’offrir des voitures et des vélos électriques (VÉ) en libre-service, des services de taxi et d'autres options de transport, et comprend l'achat de véhicules électriques par la municipalité. Jusqu'à présent, le projet s'est révélé prometteur en tant que moyen d’abaisser les émissions et les coûts de carburant tout en favorisant l'électrification et des moyens de transport plus collectifs.
Contexte
Situées dans le Québec atlantique, la péninsule de Gaspé et les Îles-de-la-Madeleine forment une seule région administrative qui compte une population d'environ 90 000 personnes réparties sur plus de 20 000 kilomètres carrés. La majorité des résidents vivent à plus de trois kilomètres des services essentiels tels que les épiceries et les prestataires de soins de santé. La région Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine est desservie par l'organisme de transport RÉGÎM, qui exploite un certain nombre de lignes de transport en commun ainsi que des options de transport accessibles.
Le défi
Malgré la prévalence des véhicules privés dans la région, il existe toujours une demande pour d’autres options de transport, non seulement pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, mais aussi pour offrir des solutions aux personnes qui ne peuvent pas ou ne souhaitent pas se déplacer avec leur propre voiture, notamment les jeunes, les personnes âgées, les résidents à faible revenu et les personnes qui ne peuvent pas conduire.
Afin d’aider à desservir cette population et à abaisser l'empreinte carbone de la région, la RÉGÎM et un groupe de municipalités locales (Gaspé, Carleton-sur-Mer, Chandler, Grande-Rivière, Maria et Les Îles-de-la-Madeleine) étaient à la recherche de solutions novatrices en vue d’élargir leur offre de transport durable et réduire le besoin de véhicules privés tout en rapprochant la communauté.
L’approche
En 2019, le groupe a lancé le projet de transport TCiTé. L’objectif consistait à trouver des moyens de rendre les options de transport plus durables. L'un des principaux aspects de cette démarche était de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de la région associées au transport, mais on avait également en tête de dynamiser et de revitaliser les collectivités et les centres-villes. On espérait également que la réduction du besoin et de l'utilisation de véhicules contribue à accroître les revenus disponibles et, par conséquent, à enrichir les collectivités.
Après avoir réalisé des études de faisabilité, le groupe a décidé de lancer rapidement un projet pilote pour améliorer la disponibilité des transports dans la région. Trouver des moyens d'utiliser la technologie pour rendre l'ensemble du système plus intelligent était une priorité absolue, tout comme l'accent mis sur l'économie du partage et l'électrification. Le plan comportait les éléments suivants :
- Ajout de véhicules électriques (VÉ) aux parcs municipaux;
- Optimisation et électrification du transport en commun;
- Installation de bornes de recharge et d'autres infrastructures nécessaires;
- Mise en place d’outils numériques (Maas) pour aider les résidents et le personnel à utiliser, optimiser et coordonner les différents moyens de transport;
- Développement et promotion de l'autopartage, du covoiturage, des services de taxi et de type Uber et de moyens de transport actifs tels que les vélos électriques.
Les municipalités ont acheté 10 VÉ avec les infrastructures connexes en 2019. Il s'agissait d'un élément clé du plan pour un certain nombre de raisons :
- Le fait que le personnel municipal et les élus utilisent un VÉ lorsque cela est possible plutôt qu'un camion à essence réduirait directement les émissions de GES des employés.
- Ces véhicules serviraient de modèles aux membres de la communauté curieux de connaître les VÉ, et montreraient qu'ils conviennent à la région et que les municipalités sont prêtes à les soutenir.
- Les VÉ municipaux seraient mis à la disposition des membres de la collectivité en dehors des heures de travail (généralement les soirs et les week-ends) dans le cadre du service d'autopartage TCiTé, au coût de 7 $ l’heure.
Les VÉ ont été dotés d'un module d'information permettant de suivre des éléments tels que le niveau de la batterie, l'état de charge et la localisation actuelle, et d’assurer l'accès au moyen de cartes RFID plutôt que de clés. Chaque municipalité participante a également mis au point sa propre version de station-service électrique, un centre qui propose la recharge des VÉ ainsi que d'autres équipements, tels que des abribus, des supports à vélos et des vélos électriques appartenant à la collectivité.
La collaboration entre la municipalité et la RÉGÎM a permis de partager les responsabilités d'une manière qui anticipe les problèmes éventuels. Par exemple, alors que les bureaux municipaux ont tendance à être fermés le soir et le week-end, l'organisme de transport était déjà en activité pendant ces périodes. Ils étaient donc tout désignés pour superviser les relations avec les utilisateurs de VÉ dans l'ensemble de la collectivité.
Les obstacles
L'un des principaux défis de la mise en œuvre a été de persuader les employés habitués à utiliser des camionnettes pour tout, ou à utiliser leur propre véhicule pour les déplacements liés au travail, qu'ils devraient utiliser des VE à la place lorsque possible. L’éducation sur l'utilisation du « bon véhicule pour le bon travail » a encouragé le personnel à faire le saut.
Un autre obstacle était lié à l'assurance du véhicule. Les municipalités ont dû convaincre les assureurs d'étendre la couverture des VÉ afin qu'elle englobe l’autopartage.
Les résultats
Les 10 VÉ achetés ont eu un impact direct sur l’environnement des collectivités : l'utilisation d'un VÉ plutôt que d'un véhicule à essence réduit les émissions de 95 %. Les municipalités participantes ont constaté une baisse de la consommation de carburant et de l'usure des véhicules : selon les estimations, le remplacement des véhicules à essence par des VÉ pourrait entraîner des économies de carburant allant jusqu'à 84 %.
De juin 2021 à mars 2022, 175 utilisateurs ont effectué au total 300 réservations; il s’agissait d’utilisateurs internes (employés et élus) et externes (membres de la collectivité).
Les retombées
Le programme d’autopartage offre un certain nombre d'avantages :
- Le recours au parc automobile par des utilisateurs externes le soir et le week-end est une source de revenus pour les municipalités.
- En offrant aux membres de la collectivité des locations à l'heure, on leur donne l'occasion d'essayer un véhicule électrique, ce qui pourrait les motiver à en acheter un eux-mêmes lorsque le moment sera venu de remplacer leur véhicule actuel.
- Le système de gestion et de réservation qui a été mis sur pied pour administrer le programme d’autopartage peut être utilisé par d'autres organisations.
En outre, le programme TCiTé dans son ensemble a eu et aura de nombreux avantages pour la collectivité, notamment :
- Diminution de l’utilisation et de l’entretien des véhicules personnels
- Promotion des voyages sûrs pour tous, en gardant à l'esprit l'équité
- Dynamisation et revitalisation des communautés régionales
- Mise en place d’un système de transport en commun abordable pour les collectivités
- Installation de bornes de recharge électrique qui serviront de « haltes » et d’attractions touristiques
- Liaison des villes et des petites municipalités en créant des itinéraires de déplacement en VÉ
- Réduction des coûts de transport et aide apportée aux travailleurs qui ne possèdent pas de véhicule
Les enseignements tirés
Un aspect clé de ce projet a été la communication et la sensibilisation. Les partenaires ont appris qu'il n'y a jamais trop de formations et de renseignements. Ainsi, les utilisateurs qui s'inscrivent au service d’autopartage reçoivent un dossier d'information contenant tout ce qu'ils doivent savoir, et l'équipe a créé une foire aux questions pour aider le personnel du service clientèle à répondre aux questions courantes.
Le groupe s'est rendu compte que les élus et les employés municipaux sont des membres très visibles de la communauté et qu’à ce titre, les moyens de transport qu'ils choisissent pour se déplacer ont un effet persuasif. Encourager ces groupes à participer activement à des projets de transport tels que TCiTé permet à la fois de montrer l'exemple et de renforcer le sentiment d'appartenance à la communauté.
Un autre aspect clé de ce projet a été l'expérimentation et l’agilité. Les partenaires n'étaient pas certains, dès le départ, de la façon dont le personnel et les membres de la communauté utiliseraient les VÉ, et ont veillé à être ouverts à différentes options au fur et à mesure que le programme se développait. Par exemple, ils ont commencé avec un tarif de location à l'heure, mais ils se sont rapidement rendu compte que certains utilisateurs souhaitaient louer un véhicule pour une journée entière; ils se sont donc adaptés en proposant également un tarif journalier.
Les prochaines étapes
Les partenaires du projet sont satisfaits des résultats obtenus jusqu'à présent et le transport durable continue de faire partie de la vision à long terme des décideurs. Les objectifs futurs sont les suivants :
- Accroître le nombre et la variété des véhicules disponibles
- Travailler avec un plus grand nombre de municipalités intéressées en vue d’inclure dans leur budget l'achat de VÉ pour l’autopartage
- Continuer à promouvoir l'économie du partage au sein du secteur public
En ce qui concerne l'électrification en particulier, la RÉGÎM a décidé de faire passer l'ensemble de son réseau de transport à l'électricité, non seulement pour des raisons écologiques, mais aussi pour des motifs économiques et sociaux.
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